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Une terre de légendes
Les forêts bretonnes sont des lieux où l’imaginaire à toute sa place. En longeant les chemins, on ressent cette présence, à la fois discrète et apaisante, des histoires anciennes. Ici, tout est tranquille, sans artifices, juste les arbres et le murmure du vent qui semblent garder la mémoire des lieux.
La Forêt de Huelgoat : Mystère et Chaos
La forêt de Huelgoat, également surnommée le “Fontainebleau breton”, est un lieu empreint de mystère. Située dans le Parc naturel régional d’Armorique, elle couvre environ 1500 hectares (forêt domaniale d’Huelgoat-St Ambroise couvre plus de 1000 hectares, La forêt d’Huelgoat couvre quant à elle 555 ha)
Ce qui marque ici, ce sont ces rochers de granit aux formes inattendues, dispersés sans ordre apparent. Entre les blocs arrondis, les grottes cachées et les passages discrets, la forêt de Huelgoat se dévoile.Les sentiers serpentent sous une lumière particulière, et l’on se sent observé, comme un invité privilégié.
En suivant le chemin, les blocs de granit et les cours d’eau nous mènent vers des lieux aux noms évocateurs, comme la mare aux fées ou le camp d’Artus.
Légendes et Histoire
La forêt de Huelgoat est le berceau de nombreuses légendes celtes. Selon l’une d’elles, Gargantua, affamé, s’arrêta dans la région et demanda à manger. Les habitants lui servirent une bouillie de blé noir, ce qui le mit en colère. Il jura de se venger et, en se promenant le long des côtes, il lança des rochers par-dessus les monts d’Arrée. Ces rochers tombèrent à Huelgoat, créant ainsi le chaos que nous voyons aujourd’hui.
La Rivière d’Argent, longue de 18 km, serpente à travers ce labyrinthe de pierre, disparaissant parfois sous les rochers pour réapparaître plus loin.
Anecdotes
La Roche Tremblante : « Un ancien guide m’a un jour conduit à travers ce magnifique chaos. Nous sommes arrivés devant ce rocher imposant, d’environ 140 tonnes, et il s’est adossé sous la pierre. C’est alors que la magie a opéré : j’ai vu cette masse de granit commencer à osciller. »
Les Korrigans : On dit que la forêt est peuplée de korrigans, ces petits êtres légendaires et facétieux y habiteraient. Dans ce lieu mystique, force est de constater que la magie opère.
La Forêt de Camors
Promenez-vous au milieu des chênes, châtaigniers, hêtres, pins sylvestres, sapins ou encore épicéas. Ces nombreuses essences ont fait vivre durant des siècles de nombreux habitants de la région. Elle s’étend sur 650 hectares. L’eau s’y manifeste partout, avec ses rivières,ses fontaines et ses lavoirs.
Légendes et mystères
Bien que moins connue pour ses légendes que d’autres forêts bretonnes, la forêt de Camors n’en est pas moins entourée de mystère. Une légende locale raconte que la forêt aurait été le domaine de « Barbe bleue », le personnage cruel du conte de Charles Perrault.
De plus, comme de nombreuses forêts bretonnes, Camors serait peuplée de Korrigans, ces petites créatures malicieuses du folklore breton. La « Vallée des Korrigans », nom donné à une partie de la forêt, témoigne de cette croyance populaire.
La forêt de Brocéliande
Elle est le plus souvent identifiée à la forêt de Paimpont, située en Bretagne, à environ 40 kilomètres au sud-ouest de Rennes.
Elle est l’une des forêts les plus célèbres au monde grâce aux nombreuses légendes qui ont forgé son histoire. Cette réputation lui confère une aura mystique et magique qui attire de nombreux visiteurs chaque année.
Avec ses 9 000 hectares, elle s’intègre dans un vaste massif forestier qui s’étend sur les départements voisins, comme le Morbihan et le camp de Coëtquidan, pour atteindre environ 13 500 hectares au total.
Biodiversité
La forêt de Brocéliande abrite une riche biodiversité. On y trouve une grande variété d’essences d’arbres, dont des chênes centenaires, ainsi que de nombreuses espèces animales comme des cerfs, des chevreuils, des écureuils et diverses espèces d’oiseaux.
Histoire et patrimoine
La forêt de Paimpont était connue sous le nom de Brocélien au XVe siècle, et en breton, elle était appelée Brec’Helean. Au fil des siècles, elle a connu diverses périodes d’exploitation, notamment pour les besoins en bois de construction de la ville de Rennes et pour alimenter les forges de Paimpont, qui furent les plus importantes forges au bois de Bretagne du XVIe à la fin du XIXe siècle.
Sites légendaires
La forêt est parsemée de lieux emblématiques associés aux légendes arthuriennes :
- La fontaine de Barenton, réputée pour provoquer des orages lorsqu’on verse de l’eau sur sa dalle.
- Le tombeau de Merlin, un amas de pierres où le célèbre enchanteur serait enterré.
- Le Val sans Retour, où la fée Morgane aurait emprisonné les chevaliers infidèles.
- Le miroir aux fées, un étang mystérieux.
Tourisme et activités
La forêt de Brocéliande est devenue une destination touristique majeure, particulièrement depuis 1945.
Elle offre de nombreuses possibilités de randonnées et d’activités de plein air. Des visites guidées thématiques permettent aux visiteurs de découvrir l’atmosphère particulière de cette forêt peuplée de créatures fantastiques selon les légendes.
Patrimoine culturel
Le château de Comper, situé en bordure de la forêt, a été transformé en centre de l’Imaginaire Arthurien, prolongeant l’expérience magique des visiteurs. De plus, depuis 1951, des adeptes du néo-druidisme se réunissent périodiquement dans la forêt pour des cérémonies organisées.
La forêt de Brocéliande fascine par sa nature préservée et ses histoires anciennes. Les visiteurs y trouvent un lieu où légendes et réalité se mêlent, offrant un moment de dépaysement.
Forêt de Quénécan : la « petite Suisse bretonne »
Nichée entre les départements du Morbihan et des Côtes-d’Armor, la forêt de Quénécan s’étend sur environ 3 700 hectares, offrant un paysage vallonné et boisé qui lui vaut le surnom de « petite Suisse bretonne ». Ce massif forestier, riche en histoire et en légendes, est un lieu emblématique du patrimoine naturel et culturel de la Bretagne.
Une forêt façonnée par l’homme
La forêt de Quénécan est un exemple de la manière dont l’activité humaine a façonné le paysage naturel.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, elle a été le théâtre d’une intense activité sidérurgique, notamment autour des Forges des Salles, un ancien village industriel aujourd’hui classé monument historique.
Le bois de la forêt était utilisé pour produire du charbon de bois, essentiel au fonctionnement des forges. Les vestiges de cette époque, tels que les meules charbonnières et les bâtiments industriels, témoignent de cette période florissante.
Les légendes et mystères de la forêt
La forêt de Quénécan est également le berceau de nombreuses légendes bretonnes.
Parmi elles, celle de Conomor, un seigneur cruel surnommé le Barbe Bleue breton, qui aurait assassiné ses épouses successives, dont Sainte Tréphine.
Selon la légende, elle fut ressuscitée par son fils Trémeur. Ces récits confèrent à la forêt une atmosphère mystérieuse et envoûtante.
Il est important de noter que la légende de Conomor est associée à plusieurs sites en Bretagne. Outre la forêt de Quénécan, la forêt de Camors est également liée à cette histoire.
Une biodiversité remarquable
La forêt de Quénécan abrite une biodiversité riche et variée. Classée zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), elle est le refuge de nombreuses espèces animales et végétales.
Les randonneurs peuvent y observer des chevreuils, des martres, ainsi qu’une grande variété d’oiseaux.
La flore y est également diversifiée, avec des chênes, des hêtres, des pins maritimes et des landes de bruyères.
Forêt de Carnoët (Toulfoën)
Située sur les communes de Quimperlé et Clohars-Carnoët, la forêt de Carnoët, également appelée forêt de Toulfoën, s’étend sur environ 750 hectares.
Entre les vestiges du château et la tradition du Pardon des Oiseaux, la forêt de Carnoët conserve les traces de son passé.
Le château de Carnoët et son parc clos
Au cœur de la forêt se trouvent les vestiges du château de Carnoët, datant des XIIe et XIIIe siècles.
Au début du XIIIe siècle, Jean Ier le Roux fit construire un long mur d’enceinte autour de la forêt et du château, délimitant un vaste territoire allant de Lothéa jusqu’au Belon, formant une boucle d’une trentaine de kilomètres environ.
Ce mur, appelé « Mur du Roi », avait pour vocation de clôturer les animaux tels que sangliers et cerfs qui abondaient à l’époque.
Le Pardon des Oiseaux de Toulfoën : souvenirs d’une fête populaire disparue
Le Pardon des Oiseaux de Toulfoën, célébré chaque lundi de Pentecôte, était une fête populaire unique en son genre.
Initialement, les enfants vendaient des oiseaux capturés dans la forêt, tels que des mésanges, rouges-gorges ou chardonnerets.
Bien que l’origine exacte de cette tradition soit incertaine, une légende évoque un ermite qui, dérangé par le chant des oiseaux, les aurait conduits dans la forêt, donnant ainsi naissance à cette célébration.
Au fil du temps, le pardon évolua en une fête laïque, intégrant des éléments folkloriques tels que des danses, des concours de costumes et des marchés d’oiseaux.
Dans les années 1950, il devint l’une des fêtes les plus fréquentées de Bretagne, attirant jusqu’à 150 000 personnes.
Cependant, des préoccupations liées à la protection des oiseaux et des changements sociétaux ont conduit à son déclin, la dernière édition ayant eu lieu en 1991 .
Aujourd’hui, bien que la clairière de Toulfoën soit en grande partie colonisée par la végétation, une stèle commémorative rappelle cette tradition.
Un patrimoine archéologique
La forêt de Carnoët doit son nom au vieux breton carn, qui signifie « tas de pierres » ou « tumulus ». Ce lien avec la pierre se retrouve dans plusieurs vestiges archéologiques présents dans la forêt.
Le plus remarquable est le tumulus de Lothéa, découvert au XIXe siècle. On y a retrouvé des objets précieux — chaînes en or et en argent, armes, bijoux — datant du Néolithique final. Ce mobilier est aujourd’hui conservé dans des musées nationaux.
D’autres sites mégalithiques, comme les tumulus de Guerneguy ou le dolmen de Toulfoën, rappellent l’importance de ce territoire bien avant l’époque médiévale.








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